Allocution de Monsieur Paul Antoine BOHOUN BOUABRE Ministre d’Etat, Ministre du Plan et du Développement Gouverneur pour la Côte d’Ivoire aux 42ème Assemblée Annuelle de la BAD et 33ème Assemblée Annuelle du FAD a SHANGHAI – CHINE
Monsieur le Président du Conseil des Gouverneurs,
Honorables Gouverneurs,
Monsieur le Président du Groupe de la Banque
C’est pour moi un grand honneur de m’adresser à cette Assemblée au nom du Gouvernement Ivoirien. Aussi, permettez-moi d’exprimer toute ma gratitude aux Autorités Chinoises, pour l’hospitalité chaleureuse qui a été réservée à ma délégation, dans cette belle ville de Shanghai.
Mes sincères remerciements vont également au Président KABERUKA, à la Direction et au personnel de la Banque pour l’excellente organisation de ces assises.
Ces assemblées annuelles se tiennent à un moment spécial à la fois pour la Banque et pour la Côte d’Ivoire.
Moment spécial pour la Banque, parce que nous sommes à mi-parcours du mandat du Président KABERUKA qui coïncide avec le début des négociations du FAD XI.
Moment spécial pour la Côte d’Ivoire, au regard des évolutions récentes de la situation dans le pays hôte de la Banque.
Pour ces raisons, mon intervention porte sur les activités de la Banque et le processus de consolidation de la paix en Côte d’Ivoire.
Monsieur le Président,
S’agissant de la Banque, je voudrais féliciter le Président KABERUKA pour les intenses efforts qu’il déploie depuis son élection, pour renforcer les assises de la Banque et consolider sa viabilité.
A cet égard, je voudrais saluer les réformes institutionnelles en cours qui sont destinées à accroître l’efficacité opérationnelle de la Banque et sa capacité à répondre aux besoins des Etats membres, individuellement comme collectivement dans le cadre des organisations économiques régionales.
De même, je voudrais encourager le Conseil d’Administration et la Direction de la Banque, à poursuivre le rapprochement de l’Institution de ses bénéficiaires, tout en lui évitant un démembrement non souhaitable. Pour ce faire, la politique de décentralisation devra s’effectuer dans le strict respect de la Résolution pertinente du Conseil des Gouverneurs de mai 2004 à Kampala.
En ce qui concerne les négociations du FAD-XI qui ont débuté en février 2007 en Hollande, je voudrais remercier les pays donateurs et les encourager à accroître leur contribution. En retour, les pays bénéficiaires doivent s’engager sans réserve, à utiliser au mieux des intérêts de leurs populations, les ressources obtenues.
Par ailleurs, nous nous félicitons de la décision des pays donateurs du FAD qui ont innové en invitant, en qualité d’observateurs, les membres du Conseil d’Administration et quatre représentants des pays bénéficiaires. Il nous semble cependant que, pour la richesse des débats et une meilleure prise en compte de leurs préoccupations, davantage de sièges d’observateurs devraient être accordés aux pays bénéficiaires.
Monsieur le Président,
Nous restons attachés à l’idée que la BAD doit incontestablement être au premier rang du financement du développement et de l’assistance en faveur des pays membres régionaux. Sous ce regard, la BAD doit s’adapter aux besoins de son unique clientèle, les pays africains, généralement fragiles, c’est bien connu. C’est pourquoi, tout en préservant son intégrité et sa viabilité financière, la BAD, mieux qu’une banque universelle, doit ambitionner de devenir et de rester une banque africaine.
A cet égard, nous nous réjouissons de ce que la Banque, outre sa participation au financement de l’initiative PPTE, ait mis en place le mécanisme en faveur des pays sortant de crise, dans le cadre des programmes de reconstruction.
Ce mécanisme, appliqué avec réalisme et flexibilité, récemment dans certains pays, comme la RDC, le Burundi, le Congo et la RCA, indique que la Banque a bien les capacités et la maîtrise nécessaires pour trouver des solutions adaptées aux problèmes de ses pays membres.
Dans cette dynamique, nous sommes satisfaits des réflexions en cours, relatives à l’initiative en faveur des pays fragiles. Aussi, convaincus de ce que le futur mécanisme sera une autre réponse appropriée aux problèmes spécifiques de développement en Afrique, encourageons-nous les partenaires à accompagner la Banque dans cette autre expérience.
Monsieur le Président,
Je ne saurai clore cette partie de mon intervention sans affirmer le soutien de mon pays au maintien du statut de résident du Conseil d’Administration. En effet, de par son rôle de conseil et de supervision, le Conseil d’Administration résident demeure une pièce maîtresse, non seulement dans la gouvernance de la Banque, mais aussi dans le rapprochement de ses actionnaires entre eux et avec l’institution.
Monsieur le Président,
Après ces propos relatifs aux activités de la Banque, je voudrais à présent m’acquitter de mon devoir de représentant du pays hôte du Siège de la BAD, en vous faisant le point de l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire, en relation avec la relocalisation des activités de la Banque à Tunis.
Depuis quelques semaines, l’évolution de la crise ivoirienne, qui était jusqu’alors caractérisée par un immobilisme total et ponctuée par des séries d’accord jamais mis en œuvre, a connu un bond qualitatif.
En effet en décembre 2006, SEM. Laurent GBAGBO, Président de la République de Côte d’Ivoire, tirant la leçon des échecs des précédents accords et arrangements sur la crise en Côte d’Ivoire, a proposé aux insurgés de dialoguer directement avec lui, en vue de mettre un terme à la souffrance des populations ivoiriennes.
Le Dialogue Direct a eu lieu à Ouagadougou (Burkina Faso), sous l’égide du facilitateur, SEM. Blaise COMPAORE, Président de la République du Burkina Faso, en sa qualité de Président en exercice de la CEDEAO.
Il a été conclu un mois plus tard par la signature de ce qu’il est convenu d’appeler « l’Accord politique de Ouagadougou », qui trace un cadre consensuel pour le règlement de la crise. La signature de cet accord a fondamentalement changé la dynamique de la crise ivoirienne et a placé la paix à portée de main. L’espoir suscité par cet Accord est devenu, au fil des jours, une certitude qui se justifie par les quatre faits suivants :
• Premièrement, la nature endogène de l’Accord, parce que résultant de discussions directes dont l’initiative revient aux principaux protagonistes du conflit armé. Au rythme des deux protagonistes, les négociations ont été menées, en terre africaine, sous la conduite d’un facilitateur qu’ils ont librement choisi ;
• Deuxièmement, l’Accord est assorti d’un chronogramme précis qui définit les tâches et responsabilités respectives. Cette disposition ajoute à la transparence du processus et facilite le contrôle et le suivi de l’application de l’Accord ;
• Troisièmement, dès sa signature, l’Accord a fait l’unanimité et a bénéficié du soutien de la classe politique et de la population ivoiriennes. Il a aussi été salué par toutes les composantes de la Communauté internationale ;
• Quatrièmement, c’est la volonté manifeste des deux parties à respecter scrupuleusement le chronogramme de l’Accord. Ce chronogramme a été traduit en feuille de route du Gouvernement à l’occasion d’un récent séminaire gouvernemental d’appropriation.
Il serait fastidieux de les citer mais, à ce jour, tous les actes posés, indiquent clairement que le Président Laurent GBAGBO et le Premier ministre Guillaume SORO, ont décidé de conjuguer leurs efforts, en toute confiance et en toute responsabilité, pour faire aboutir le processus à l’étape finale des élections, à l’échéance convenue.
En attendant la fin de la normalisation politique qui sera consacrée par les prochaines élections, le Gouvernement ivoirien s’attèle d’ores et déjà à créer les conditions d’une normalisation de la vie quotidienne au bénéfice de tous les résidents.
C’est ainsi que le Gouvernement, indépendamment du processus de désarmement et de réinsertion des ex-combattants, a mis en place un dispositif sécuritaire qui a fait baisser de façon drastique la délinquance et la criminalité à Abidjan et dans les grandes villes du pays.
Les signes de normalisation économique sont perceptibles. En effet, le trafic aérien s’intensifie au point où l’aéroport d’Abidjan a retrouvé son rôle de HUB. En outre, la hausse significative du trafic portuaire et les visites régulières des hommes d’affaires et Chefs d’entreprise constituent un excellent baromètre de la normalisation et de la vie qui reprend rapidement son cours en Côte d’Ivoire.
Par ailleurs, l’école française pourrait bientôt ouvrir et renforcer la capacité des autres écoles internationales qui n’ont pas fermé leurs portes. De même et en vue d’améliorer les capacités hôtelières d’Abidjan, l’Hôtel Ivoire, le plus grand complexe hôtelier du pays, sera bientôt fermé au public, pour une réhabilitation totale.
C’est cette évolution positive de la situation en Côte d’Ivoire que le Chef de l’Etat a expliqué au Président de la BAD, au cours de l’audience qu’il lui a accordée le mercredi 28 mars 2007.
Par la suite, en ma qualité de Gouverneur de la BAD pour la Côte d’Ivoire, je me suis rendu à l’Agence Temporaire de Relocalisation, du 18 au 21 avril 2007, à l’effet de rencontrer le Président de la Banque et le Conseil d’Administration. Au cours de ces différentes rencontres, j’ai exposé le contenu de l’Accord de Ouagadougou et les nombreuses raisons qui militent en faveur du succès de son application.
Enfin, le vendredi 04 mai 2007, Guillaume SORO, en sa qualité de Premier ministre de la République de Côte d’Ivoire, a rencontré à Tunis, le Président de la BAD et l’ensemble du Conseil d’Administration. A cette occasion, le Premier ministre a exprimé la volonté inébranlable des deux signataires de l’Accord de Ouagadougou, de conduire le processus de paix jusqu’à son terme.
Monsieur le Président,
C’est au regard de cette évolution positive de la situation en Côte d’Ivoire et confortés par le retour de la sérénité et de la tranquillité du citoyen, que le Président de la République et le Premier ministre, m’ont mandaté, pour réaffirmer devant l’auguste assemblée des Gouverneurs, la détermination des Autorités ivoiriennes à consolider la paix retrouvée et à renforcer la normalisation de la situation dans le pays.
Je voudrais aussi ajouter que la Côte d’Ivoire, consciente de ses responsabilités de pays hôte du Siège de la BAD, se déclare prête à prendre toutes les dispositions d’ordre pratique, de nature à accélérer le retour des activités de la Banque à son Siège, à Abidjan.
Ce faisant, mon pays, interpellé aussi par sa qualité d’actionnaire, a également le souci d’éviter à la BAD un séjour trop prolongé hors de son siège au moment où le coût de la relocalisation pèse de plus en plus lourdement sur son budget.
Monsieur le Président,
C’est donc convaincu de la solidité et de l’irréversibilité du processus de paix dans mon pays et rassuré par sa capacité à récréer un bon environnement à l’institution, que j’affirme ici ce que je me suis gardé de vous dire durant ces quatre années de crise.
Oui Mesdames et Messieurs les Gouverneurs, la BAD peut revenir en Côte d’Ivoire et y exercer son activité en toute tranquillité. Votre appui est attendu. Il sera un atout supplémentaire à la fois pour la paix définitive en Côte d’Ivoire et le développement économique durable dans la sous région. J’ai bon espoir que la résolution que nous prendrons ici à Shanghai va aller dans ce sens.
Pour terminer, je voudrais rappeler la candidature de mon pays, pour l’organisation des Assemblées annuelles 2009, à Abidjan.
Je vous remercie.
Mise en oeuvre agenda 2063
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