Discours d\'ouverture du Séminaire National sur la Politique Economique avec pour thème:« Capital social et Performances économiques de la Côte d’Ivoire » prononcé par Monsieur le Ministre d\'Etat, Ministre du Plan et du Développement. Les 14 et 15 Décembre 2006.
Monsieur Le Président de l’Université de Cocody,
Monsieur le Doyen de l’UFR de Sciences Economiques et de Gestion de l’Université de Cocody,
Monsieur le Directeur du CIRES,
Chers Collègues, Eminents Séminaristes,
Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi un plaisir renouvelé de me trouver dans l’enceinte de ce temple de la recherche et de la diffusion des connaissances. Je voudrais avant tout saluer les autorités académiques ici présents pour l’honneur qu’elles me font de présider ce Atelier National sur la Politique Economique.
Monsieur le Directeur du CIRES, je voudrais vous saluer et vous féliciter pour votre gestion de cet important Centre de réflexion, de formations et d’échanges sur les questions économiques et sociales.
Le CIRES doit demeurer pour nous un centre d’excellence de la recherche appliquée et une référence dans la sous-région en matière d’analyse des politiques économiques et sociales.
Mesdames et Messieurs,
Dans une vie antérieure récente, mes pas m’ont porté vers la compréhension des phénomènes économiques et plus précisément, vers l’analyse des politiques économiques notamment des politiques budgétaires. Dans toutes ces investigations, je note que les politiques et les reformes qui sont appliquées pour améliorer le bien-être des populations sont contingentes à l’organisation et au cadre institutionnel que se sont dotés ces populations ; aussi bien au niveau individuel qu’au niveau de la société dans son ensemble.
En effet, il convient de rappeler que le comportement de l’agent économique a pour objectif de lui procurer un bien-être individuel. Sa capacité à atteindre cet optimum dépend de ses dotations initiales et de la manière dont il les maximise. Mais cet optimum dépend également de son interaction stratégique avec les autres agents économiques composant la société.
La littérature économique sur les choix collectifs montrent bien que sous certaines conditions, les actions individuelles peuvent concourir à la réalisation du bien-être général. Mais cela sous-entend l’existence d’un minimum de normes partagées, de valeur tirée des rapports sociaux. D’où l’importance du capital social.
Au regard de la littérature, le capital social revêt plusieurs sens. Il a tout d’abord un sens juridique, comptable et économique. Par exemple le capital d’une société par actions. Il fait aussi référence, en sociologie « à la valeur collective de toutes les normes et relations sociales permettant la coordination d’actions en vue d’atteindre des objectifs communs ». Sous ce rapport, il renvoie au concept de cohésion sociale.
Le capital social peut enfin se référer au sens institutionnel, à l’organisation des membres de la société en dehors des cadres politique ou économique plus formalisé.
En tout état de cause, les relations sociales entre agents sociaux peuvent de manière positive, augmenter la cohésion et la productivité de la communauté. D’un autre côté, l’existence de groupe d’intérêt et de systèmes claniques peuvent contribuer négativement au capital social.
Ainsi, Mesdames et Messieurs,
La richesse d’une société ne réside pas uniquement dans le seul capital matériel et financier, ni même dans les compétences des individus. Elle réside aussi dans les rapports qu’ils ont entre eux et surtout dans la densité et la qualité de ces rapports sociaux.
Comme le souligne Bernard PERRET (1) : « Les réseaux sociaux, constituant central du capital social, apparaissent comme une ressource qualitativement différente de celles que les individus peuvent produire et s’approprier ».
Toute la question réside dans ce qui est considéré comme du bon capital social et du mauvais capital social. Et comment évaluer le rendement de ce capital sur l’activité économique. Les chercheurs que vous êtes sont mieux placés pour donner les meilleures réponses.
Ce que l’on peut dire, sans risque de se tromper, c’est que les individus tirent profit, dans la consolidation de leur situation économique et leur pouvoir social, des réseaux qu’ils bâtissent. Ils tirent également profit de la qualité des rapports, des conventions et des normes que le milieu social dans lequel ils évoluent se donne librement ou de manière contrainte. Des exemples simples sont les règles de voisinage ou les règles du milieu du travail.
La nécessité de créer les conditions d’une confiance sociale généralisée, de créer des institutions ou mécanismes qui contribuent au renforcement de la cohésion sociale sont autant de facteurs qui accroissent positivement le capital social et son impact sur le développement durable.
C’est pourquoi pour les économistes de la Banque Mondiale, il convient d’intégrer au capital social « Les relations institutionnelles plus formalisées, telles que le gouvernement, le régime politique, la règle de droit, le système judiciaire et les libertés politiques ».
Pour notre part, nous sommes de plus en plus convaincus que la consolidation de l’Etat dans ses fonctions régaliennes est une condition essentielle pour garantir la prise en compte de l’intérêt général à tous les niveaux. La prise en compte de l’intérêt général est une condition de confiance sociale et de crédibilité de l’action publique. Elle est un facteur d’accroissement du capital social positif. A l’inverse, le délitement de l’Etat peut créer des formes de rapports sociaux qui produisent du mauvais capital social à travers l’existence de groupes et des Etats mafieux. En effet, il est évident que les liens unissant les membres de tels réseaux ne sauraient profiter à l’ensemble de la société.
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes conviés aujourd’hui à un Atelier National pour prendre connaissance et échanger autour des travaux qui ont été menés par des chercheurs sur le thème « Capital Social et Performance Economique de la Côte d’Ivoire ». Ces travaux vont permettre de mettre en exergue, dans le cas de la Côte d’Ivoire, l’impact du capital social sur la performance de notre économie.
Compte tenu de l’intérêt du sujet, j’espère que les discussions qui suivront les communications seront franches et fécondes.
C’est sur cette note d’espoir que je déclare ouvert l’Atelier National sur la Politique Economique dont le thème est : « Capital Social et Performance Economique de la Côte d’Ivoire »,
Je vous remercie.
Mise en oeuvre agenda 2063
06-06-2024deuxieme plan decenal de mise en oeuvre 2024-2033 version francaise
06-06-2024Deuxieme plan decenal de mise en oeuvre 2024-2033 version anglaise
06-06-2024